Bonjour,

Au moment où je vous écris nous venons de réserver nos vols, vers un pays haut en couleur.

Nous partons les valises pleines de carnets, pour les photographier sous toutes les coutures.

Et ça me rappelle notre premier voyage.
C'était en 1986.

Le téléphone portable était encore de la science fiction.

Nous n'avions pas de cartes bancaires, elles venaient à peine de faire leur apparition.

Mais nous avions des travelers chèques
et des sacs à dos tout neufs!

Nous étions donc des Aventuriers.
Des vrais hahaha!!!

J'avais été émerveillée par un reportage.

Sur papier glacé, s'étalaient des chapelles blanches, perchées entre ciel et mer.

Des coupoles au bleu azur.

La Méditérranée à perte de vue .

Je voulais aller là.

Ce bleu me fascinait.

Pour partir, nous avions économisé chaque franc que nous avions gagné.

Et nous avions aussi notre guide suprême, celui qui allait dicter chacun de nos pas: l'indispensable Guide du Routard.

C'est par un jour de canicule qu'un charter nous a jetés sur le tarmac de l'aéroport d'Athènes.

Le guide du Routard… tu l'as mis où?

Ben c'est toi qui l'a rangé, non?

Non!

Nous étions à Athènes mais notre guide du routard, lui, était à Toulouse.

Je me souvenais de quelques noms comme Mykonos, le Pirée et les Cyclades…

Je ne sais plus trop comment, nous avons commencé à parler avec des Suisses.

Ils nous ont dit: venez à Ios, c’est génial comme île. C'est dans les Cyclades.

Les Cyclades, j'ai dit à Fabien, c'est là qu'on veut aller.

Le ferry part du Pirée ce soir.  Suivez nous! Vite!

Le Pirée, ça nous parlait aussi.

Alors, nous les avons suivi.

Et nous nous sommes retrouvés sur un Ferry.

Classe pont-belle-étoile.

Bondé.

J'avais retenu la romantique description du Routard "vous passerez une nuit reposante sous la voute étoilée au fil des flots de la mer Egée"

Les étoiles, je ne m'en souviens pas.

Mais je me souviens parfaitement d'une horde de vikings survoltés.

Les chapelles et les coupoles blanches et bleues. C'était pas leur truc.

Il avaient un seul objectif en Grèce: faire la fête.

Je me souviens avoir passé la nuit à défendre mon espace vital.

Très exactement de la taille de mon petit matelas tout neuf de future campeuse.

Et à repousser toutes sortes de choses à boire ou à fumer que mes voisins voulaient me voir ingurgiter...

Au petit matin,  nous avons aperçu l'île d'Ios.

La fin de mon calvaire.

Et puis, au fur et à mesure que nous approchions des côtes...

Mais... c'est complètement pelé.

Ils sont où mes villages blancs et bleus à flanc de colline?

Mes champs d'oliviers?

Et ma chapelle?

Ma jolie plage?

Et d'ailleurs ils sont où les grecs?

Sans que j'ai eu trop le temps de réfléchir, nous nous sommes faits expulser sur le quai.

Venez, il faut prendre le bus pour aller au camping nous dit un des Suisses.

Les brebis avaient été déplacées pour la saison.

On les avait judicieusement remplacées par des animaux bien plus productifs.

Des touristes rougeoyants et pelés, aux poches pleines de drachmes.

Entre deux poteaux quelqu'un avait tendu un vieux drap sur lequel était écrit à la suie "camping".

Nous avons essayé de monter notre petite tente canadienne bleue et jaune.

Nous nous étions entrainés sur la pelouse fraichement arrosée des parents de Fabien.

La tente 3 secondes n'avait pas encore été inventée.

Et Zeus,  avait oublié d'arroser l'île d'Ios.

La terre était dure comme du béton.

Nous étions concentrés à essayer de monter ce fichu bazar quand nous  avons entendu:

Vite!!! Il faut aller chercher l’eau!!!

Tel un attaquant de l'équipe des All Blacks, un de nos Suisses courait entre les tentes.

Nous avons tout lâché.

Et avons couru derrière lui.

Le camion à eau c’était LA chose à ne pas manquer.

Loi d'Ios n°1: premier arrivé, premier servi.

Loi d'Ios n°2: si t'as pas d'eau, bois de l'Ouzo.

Au retour,  nous avons découvert LA plage…

Mais, c'est quoi ça?

Des dizaines de Jésus, les fesses bronzées au monoï, tous les attributs à l'air, déambulaient sur la petite plage.

Les années 70 étaient encore proches.

Mais ils font quoi?

Rien.

Ils marchent, nus, sur la plage, et ils sont contents.

Demain, je vous raconte la suite.  
Je vous souhaite un excellent Lundi,